Christophe Fouillère : des actions et des projets

La Ville de Rennes est sensible aux difficultés des habitants du quartier (1). Des actions sont déjà  engagées, certaines avec plus ou moins d'efficacité. Christophe Fouillère, élu délégué au quartier Villejean-Beauregard,  évoque aussi des projets qui pourraient être renforcés ou testés dans les prochains mois, ou les prochaines années.

« Un arrêté municipal interdit la consommation d'alcool sur la dalle Kennedy. On a du mal à le faire respecter : c'est la police nationale qui a vocation à faire respecter ces arrêtés. Ils privilégient d'autres tâches et les modalités d'intervention de la police sont toujours difficiles. Le réglementaire répressif n'est pas toujours une réponse pertinente».

« Pour l'accompagnement social et préventif des personnes, il est extrêmement difficile d'aller à leur rencontre et d'avoir une discussion pour transformer les comportements. Entre vision prescriptive et une solution simple ce n'est pas toujours évident. Ce travail-là est fait par des médiateurs et des professionnels du quartier qui ont aussi cette fonction de prévention en terme de santé. C'est le rôle du Centre social d'agir, mais pas pour leur dire  « Il est interdit de boire», ce n'est pas aussi caricatural. Ils interviennent dans le travail de repérage des difficultés sur le quartier. Quand on a la capacité de repérer un ou plusieurs individus qui font par ailleurs l'objet d'un accompagnement social, ou par exemple un accompagnement médical. Ça peut être prétexte à aborder cette question avec la personne».

« On a notamment mis en place un accompagnement avec  Breizh Insertion Sport et le collège de Villejean pour la recherche de stages de troisième. C'est le premier moment d'immersion dans une vie professionnelle ». L'action en partenariat avec Breizh Insertion Sport est une expérimentation proposée depuis cette année (2021). L'association « Face » travaille également avec l'ensemble des collèges des QPV (Quartiers Politique de la Ville) pour proposer une bourse de stages ».

« Créer, susciter des moments sur l'espace public, à caractère festif ou familial, pour permettre des temps de rencontre. C'est l'occupation positive, de l'animation. Ces animations sur l'espace public sont ouvertes à l'ensemble des habitants du quartier. Il faut avoir la modestie de dire que ce n'est pas nous qui prescrivons aux familles ce qu'elles vont faire de leur vie ».

Parmi les actions récentes  Berry plage , conduite chaque été depuis 2017 par le Cercle Paul Bert avec d'autres partenaires . La Fête des familles  initiée par le Centre Culturel Avicenne avec la Maison de Quartier a été organisée sur le stade de Beauregard en octobre 2021. Des animations de la  Semaine de la conscience noire  se sont déroulées, en novembre à la Bibliothèque, la Maison de quartier,  et l'Université de Rennes 2.   
 

« On est en train d'étudier la capacité à intervenir sur le parc privé de logements en achat et en revente à destination des classes moyennes. La question de la mixité sociale est interrogée sur ce type de quartier. On voit bien que l'on doit avoir des ambitions à long terme d'un plus grand parcours de mobilité dans le parc social et avoir une attention particulière à de la mixité sociale. On a la volonté d'agir, mais a t-on la capacité financière et réglementaire ? »

« Le loyer unique à l'échelle de la Métropole est un dispositif de politique publique  intéressant : où que vous habitiez dans la métropole , le prix du loyer sera le même. Le loyer unique a été institué il y a deux ans. Pour que ça produise des effets, il faut compter une dizaine d'années ». Le loyer unique s'applique quand le logement est vacant. « Ce qui implique une mobilité du locataire. On ne change pas la règle du loyer tant que le logement est occupé. Il ne peut fonctionner qu'à partir du moment où il y a une mobilité dans le parc social. »

« Installer de l’activité sur le quartier : de l'artisanat, par exemple. Il y a des compétences dans le quartier, des personnes qui savent faire de la mécanique, de la maçonnerie, de la décoration d'intérieur... Ils l'exercent parfois hors des cadres légaux. Ce sont souvent des jeunes, de 20, 30, 35 ans qui n'ont pas eu l'opportunité d'entrer dans un circuit de recrutement. »

Propos recueillis par Catherine Verger et Jean-François Bourblanc

(1) Extraits d’un long entretien réalisé en novembre 2021. Dans un autre article  Christophe Fouillère présente quelques atouts et difficultés du quartier.